Épisode 3, la revue numérique. Témoignage de la maman de Piwi Cœur.
Je dois vous faire une confidence : la maman de Piwi Cœur que nous avons inventée dans l’épisode 3, en fait… c’est moi ! Nous avons grossi un peu le trait, oui, car en réalité, non, je ne me suis jamais rendue chez un enchanteur. Mais il m’arrive depuis la naissance de cet enfant d’avoir des pensées tellement irrationnelles, que je me retrouve tout à fait dans ce personnage.
Tout part toujours d’une expérience vécue.
Par exemple, Piwi Cœur avec « les autres ». Dans une salle d’attente. Dans le métro, à la crèche, à l’école. Vous mettez Piwi Cœur là, au milieu des gens, et dix minutes après, tout le monde se parle et se sourit. À distance, aussi : il est le trait-d’union entre vous tous qui le connaissez et grâce à lui, vous avez l’impression de « vous connaître ».
Alors, vous m’entendez souvent dire, comme une évidence : « Piwi Cœur est arrivé là pour faire du lien ».
Plus intime, l’expérience de Piwi Cœur dans ma vie : il me donne accès à des pans entiers qui sont bien « moi », et dont je n’aurais pourtant jamais soupçonné l’existence sans lui. Avant Piwi Cœur, ma vie était comme une maison belle, confortable, solide, bien éclairée, bien climatisée. Parfaite. En arrivant, Piwi Cœur a coupé l’électricité et fait voler en éclat portes, baies et fenêtres. C’est une autre lumière qui est entrée, un autre air qui s’est mis à circuler. Depuis j’ai parfois trop chaud, parfois trop froid, il peut faire aussi très sombre chez moi. Et cela me rend tellement plus grande ! Oui, c’est ça. Piwi Cœur me grandit.
Alors, vous m’entendez souvent dire, comme une évidence : « Piwi Cœur est arrivé là pour me faire grandir ».
Plus concret enfin, cette maison d’édition que j’ai créée à la naissance de Piwi Cœur, les éditions Du sable et des cailloux. C’est pour ne pas tourner en rond autour de la maladie comme un poisson dans son bocal, que je me suis lancée dans cette aventure. Trois ans plus tard, regardez où nous en sommes ! Cette belle équipe de Jeunes Prodiges en particulier, qui sans Piwi Cœur, sans sa maladie, n’auraient jamais eu l’opportunité de faire vivre leur passion pour l’écriture.
Alors, vous m’entendez souvent leur dire, comme une évidence : « Piwi Cœur est arrivé là pour que vous puissiez écrire ».
Aussitôt, je me reprends : c’est irrationnel, voyons ! Piwi Cœur n’est pas « arrivé là pour », il « est là », c’est tout, comme chacun d’entre nous. Mais… il est tellement doux de penser qu’il est « arrivé là pour »… Comme si trouver des réponses pouvait effacer les questions.
Pourquoi cet enfant si fragile, si dépendant, si entravé ? Pourquoi chez moi, dans ma famille ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi…
Questions irrationnelles, réponses irrationnelles.
Tout ça pour dire que je trouve cette maman que nous avons inventée dans l’épisode 3 des aventures de Piwi Cœur… très attachante !
PS : je note bien la date et le contexte de cet article. 14 octobre 2022. Piwi Cœur va bien, sourit, communique, ne connaît pas encore de troubles de l’alimentation ou du comportement. Il a sa place à l’école et son AESH pour s’occuper de lui. La famille tient le coup. Dans quelques années, dans un autre contexte, j’écrirai probablement autre chose… Nous verrons bien quoi !
Quel article touchant, bouleversant, énergisant, déstabilisant, revigorant ! Merci Marion pour ce magnifique éclairage de la vie, si fragile et si forte. Chaque être est à sa juste place, toujours pour que chaque être puisse donner le meilleur de lui même … Gratitude immense de t’avoir rencontrée ainsi que Joséphine et vous tous. Je ne serais pas là même si je ne vous avais pas rencontrés.
J’espère que tu seras avec nous le mardi 8 novembre …
[…] « Quand un Piwi Cœur débarque dans une famille, la raison part… en vrille ! » (épisode 3) […]