Une chaîne de télévision nous a contactés car elle cherchait une famille avec un enfant malade pour mettre en lumière les bouleversements induits par cette situation. Le reportage a été diffusé hier soir. Je ne vous citerai pas la chaîne et ne vous donnerai pas le lien car bon… voilà… le résultat est conforme à ce que les téléspectateurs attendent d’un tel reportage, mais pas à la réalité de ce que nous vivons dans notre famille. Il me donne en revanche l’opportunité de vous expliquer la différence.
Le pathos
Que voyez-vous sur cette image ?
Une poussette ?
Eh non ! Vous manquez d’imagination : dans le reportage, c’est une ambulance !
Et là, que voyez-vous ?
Un enfant de deux ans qui apprend à reconnaître une voiture sur un imagier ?
Eh non ! Dans le reportage, c’est un enfant de sept ans à qui on fait l’école à la maison ! (Avouez que vous n’auriez jamais deviné !)
En fait, voilà. Il fallait du spectaculaire. De la souffrance, de l’angoisse, du désespoir. Alors comme ce n’est pas ce que nous vivons, de longs et riches échanges, il n’est pas resté grand chose au montage :
- « On fait chaque jour ce qu’on a à faire, comme tout le monde » -> pas dans le reportage.
- « Ça semble dramatique vu de l’extérieur mais à l’intérieur, c’est juste notre quotidien » -> pas dans le reportage.
- « Le présent, il se passe bien. Le futur, il est tout noir. Or, quand il arrivera, il sera le présent. Donc il suffit de ne pas y penser à l’avance et tout va bien » -> pas dans le reportage.
Les super héros
Il fallait des super héros, il y en a deux dans le reportage.
La maman bien sûr. Super woman, qu’on voit jongler entre les enfants, les tâches domestiques, le travail, les soins et les prises en charge de l’enfant malade…
C’est une image qui a le vent en poupe, elle va avec la grille de lecture de la vie à travers les cases que l’on coche. Mais ce n’est pas notre façon à nous de la concevoir. Chez nous, le papa comme la maman font ce qu’ils ont à faire, de la façon qui leur semble la plus appropriée. Ce qu’ils ne peuvent pas faire, n’est pas fait. Ce qu’ils font mal, est mal fait. Tant pis pour les cases…
Et puis, allez, le super héros, il ne choisit pas, il est emporté par son destin. En France, en 2022, la taille de la famille, la place du travail, en un mot, ce que l’on fait de notre vie, ce sont des choix. Rien d’héroïque là dedans, juste une question d’assumation (désolée si je casse un mythe, et si si, le mot existe !).
L’autre super héros du reportage, c’est le grand frère. Il est filmé en train de brancher la gastrostomie. Vu de l’extérieur, c’est impressionnant. Mais en réalité, il est simplement un grand frère qui s’occupe de sa petite sœur. Il le vivrait de la même façon, en parlerait de la même façon aussi, avec la même importance, la même fierté, s’il s’agissait de préparer un biberon pour un enfant pas malade.
Dans le reportage, il est un « petit homme » qui « n’hésite jamais un instant à adapter sa pause déjeuner » pour apporter « son aide précieuse ». Wahou !
En conclusion
Oui, l’arrivée de Piwi Cœur dans notre famille a complètement transformé notre vie, mais non, elle n’a pas fait de nous les super héros d’une grande tragédie. Dans les transformations, il y a la partie visible, qu’on peut regrouper sous le terme générique de « logistique ». C’est ce à quoi on pense en premier, c’est ce dont parle le reportage, ce n’est pas le plus important.
La partie invisible l’est autrement plus : Piwi Cœur nous donne accès à une autre vie. La Vie. Libérée sous cette incarnation si particulière de tous les artifices sous lesquelles nous L’enfouissons année après année chacun et tous ensemble. Révélée dans Son essence, Sa pureté.
Nous aurons l’occasion d’en reparler !
Super Lorène d’avoir trouvé tant de mots juste pour évoquer nos adaptations aux particularités que nous avons à gérer ! Merci infiniment
Merci Marie-Françoise, tes mots me touchent beaucoup.
Je n’ai pas la télé donc je n’ai pas vu le reportage et c’est bien ainsi au vu de ce que je lis maintenant. Rien d’étonnant mais quelle déception à nouveau de ne pas pouvoir se faire entendre ! Bises à toute la tribu
Martine
Il est des messages qui ne sont pas audibles dans le flot médiatique, ça ne veut pas dire pour autant qu’ils ne méritent pas d’être entendus. Nous y travaillons un peu tous, nous autres, les fourmis anonymes 😉
Merci Lorène de rétablir la réalité de ce que vous vivez au quotidien…. Dommage pour cette chaîne TV et ses journalistes qui n’ont pas su comprendre.
Plein de byzkipik.
Etic
La chaîne est dans son rôle, les journalistes font leur travail, et le public a l’air d’aimer, donc tout est bien ! Seulement, voilà, Piwi Cœur n’a pas été créé pour « plaire », mais pour partager une réalité. Chacun est bien à sa place !
Mais oui !! C’est bien une ambulance qui file à toute allure sur les trottoirs de Villeurbanne : j’ai bien reconnu le gyrophare rose et le bleu de l’urgence !
Ah !! Il était temps que l’éducation nationale fasse enfin des programmes adaptés à l’âge des enfants. Piwi Cœur est alors une enfant très précoce !
Les mamans seraient des super-héros ?!! Quel scoop ! Cela fait longtemps qu’on le crie bien haut. Quant aux messieurs, il est temps qu’ils osent porter la cape et les collants afin qu’on remarque aussi leur statut d’Héros en famille !
Quel dommage que ce reportage n’ait pas su montrer la flamme dans vos 7 super-cœurs !