Frédérique-Sophie Braize vient de rejoindre les Presses de la Cité et prend Piwi Cœur sur son épaule. Rencontre...

Marion Curtillet : Quand l’idée des aventures de Piwi Cœur a commencé à germer, j’ai pensé à toi pour le porter. Tu as immédiatement accepté. Comme si « quelque chose » dans son histoire avait résonné en toi.

F-S Braize : Je me suis tout de suite sentie concernée en effet. J’ai été très touchée par la situation de Piwi Cœur, et de sa famille aussi : ses parents, ses frères et sœurs. J’ai ressenti une très forte empathie.

J’ai beaucoup fréquenté les hôpitaux pour enfants quand j’étais jeune maman. Je les ai fréquentés aussi quand j’étais moi-même enfant. La santé fragile, vacillante, oui, j’ai reconnu tout de suite cette « ligne » sur laquelle Piwi Cœur a marché tout au long de sa première année. Les situations sont toutes différentes, mais la ligne, elle est la même pour tous…

Avec son berger Mouton, au-dessus du lac Léman

Marion Curtillet : Tu es originaire du Chablais, en Haute-Savoie, où tu as passé beaucoup de temps quand tu étais enfant. Piwi Cœur est connu comme le loup blanc là-haut ! Peux-tu nous parler de ta relation avec cette vallée, et quelle place elle occupe dans ton oeuvre ? 

F-S Braize : Je suis née à Evian oui, et j’ai passé mon enfance entre Morzine et Montriond. Les Lindarets, les Lavanchy… C’est là que j’ai mes racines, mon ancrage. Mon père était alpiniste, il faisait partie du secours en montagne, il était président du CAF. J’ai baigné dans ce milieu toute mon enfance.

La montagne, et cette montagne en particulier, occupe une place prépondérante dans tous mes romans. Elle est un personnage à part entière.

« La montagne est un personnage à part entière dans mes romans »

Marion Curtillet : Quand je t’ai dit que tu me faisais penser à Frison-Roche, tu m’as répondu : « Un Frison-Roche à l’envers, oui ! » C’est quoi : « Un Frison-Roche à l’envers » ?

F-S Braize : Ah oui, je me souviens ! [rires]. Mais ça ne me viendrait pas du tout à l’idée de me comparer à Frison-Roche ! J’ai beaucoup d’admiration pour son oeuvre et il est plutôt une inspiration pour moi, un rêve peut-être aussi… J’avais dit « à l’envers » parce que lui a fait le chemin de Paris vers la montagne, moi je le fais plutôt en sens inverse. Et puis, il était alpiniste et je ne le suis pas du tout.

Là où je vois peut-être un rapprochement, c’est dans notre rapport à la montagne, cette place qu’elle occupe dans son oeuvre et dans la mienne. Elle donne une tonalité, une saveur, bien particulières à ce que l’on écrit, c’est vrai.

Marion Curtillet : Tu as publié cinq ouvrages les cinq dernières années, qui ont reçu de nombreux prix. Aujourd’hui, tu signes aux Presses de la Cité pour ton prochain roman. Quel parcours ! Peux-tu nous raconter les moments clé de ce début de carrière fulgurant, sur un chemin pourtant glissant et très escarpé ? 

F-S Braize : J’avais écrit mon premier roman, Paysannes de montagnes, parce que j’en avais besoin je pense. C’était plus pour moi. Il est resté dans un tiroir. Huit-cent pages. Et puis, en 2012, rien à voir, j’ai participé à un concours de nouvelles. C’était la première fois, et j’ai reçu le premier prix ! C’était le prix Vedrarias, et il m’a été remis par Alain Absire [ndlr : prix Femina 1987 et directeur de collection chez Calmann-Levy]. Il m’a dit qu’il y avait quelque chose dans mon écriture, et m’a encouragée à aller plus loin. En particulier, à sortir mon roman de son tiroir. C’est un peu là que tout a commencé, le début du chemin…

Depuis, j’ai écrit d’autres romans, reçu d’autres prix, rencontrés d’autres personnes, jusqu’à me voir attribuer une attachée de presse par les éditions De Borée pour Lily sans logis l’année dernière. Un bout de chemin supplémentaire… Mon contrat avec Les Presses de la Cité, c’est un peu comme la limite des 1 500 mètres tu sais : on sort de la forêt et on arrive dans les alpages. L’horizon se dégage, on voit plus loin.

C’est un peu comme Piwi Cœur finalement, tu vois, vous l’avez dessiné sur un escalier. Chacun son escalier, qu’on gravit marche après marche !

« Je crois que c’est l’amour, la baguette magique »

Marion Curtillet : Vous êtes quand même tous les deux dans la catégorie : « chemin raide et glissant » ! Si tu avais une phrase « baguette magique » pour Piwi Cœur, quelle serait-elle ? 

[Silence]

F-S Braize : Pas simple comme question… Je crois que c’est l’amour, la baguette magique qui permet d’avancer sur un chemin quel qu’il soit. Plus il est raide et glissant, plus on a besoin d’amour pour y arriver. Et je ne crois pas qu’il ait besoin d’une phrase autour. [rires]

Parutions récentes et à venir :
  • Paysannes de montagne roman (éd. Lucien Souny 2015) Grand Livre du mois, France Abonnements. Format poche (éd. Souny Poche 2018)
  • Pour quelques arpents de rêve roman (éd. Lucien Souny 2016)
  • Sœurs de lait roman (éd. De Borée 2018) Grand Prix littéraire de l’Académie nationale de Pharmacie 2018. Prix Patrimoine 2018. Sélection 2019 : Grand Prix des Ecrins. Sélection 2020 : Prix Guerre et Paix. Format poche (Coll. Terre de Poche, éd. De Borée, 2019)
  • Lily sans logis roman (éd. De Borée, 2019) Coup de cœur de l’éditeur. Sélection 2019 : Prix Obiou, Prix Patrimoine, Prix du roman historique, Prix Cercle Littéraire
  • Une montagne de femmes histoires courtes (éd. Les Passionnés de bouquins, 2019)
  • Un voyage nommé désir roman (éd. Presses de la Cité, à paraître janvier 2021)

2 Comments

  • quentin

    merci donc à Frédérique-Sophie pour s’investir dans ce projet Piwi Coeur, je ne connais pas vos livres, je vais m’y mettre…MTQuentin

  • Frédérique-Sophie

    Merci de votre sympathique message. Je suis heureuse d’accompagner Piwi Cœur dans ses aventures. Etre à ses côtés, c’est tout naturel. Frédérique-Sophie

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