Orthophoniste, vue d’artiste !
La synthèse
Vous avez été nombreuses et nombreux à répondre au formulaire, MERCI ! Voici la synthèse de vos réponses !
Vous avez lu Les aventures de Piwi Cœur ou des extraits. Partagez ce qui, dans ces pages, résonne (et de quelle manière) avec votre expérience.
La répétition et les malentendus : les répétitions et les malentendus, souvent sources de frustration, résonnent particulièrement avec l’expérience des professionnels. La nécessité de répéter un message jusqu’à ce que la curiosité ou le besoin de l’enfant soit satisfait est un défi courant.
L’image du mur : le mur interpelle de nombreux professionnels. Il symbolise pour eux l’impossibilité de communiquer d’abord, puis il se fissure au fur et à mesure que la communication progresse, notamment via des outils comme la CAA, permettant peu à peu l’échange.
Le risque de vouloir trop bien faire : certains répondants ont rebondi sur le « risque » de vouloir trop bien faire, qui peut parasiter la progression. La prudence et une approche équilibrée sont nécessaires.
La bienveillance et les outils adaptés : bien qu’essentielle, la bienveillance ne suffit pas. Des outils adaptés et des interlocuteurs attentifs sont cruciaux pour rendre possible une véritable communication.
Les parents : les réponses évoquent le rôle des parents qui, malgré les obstacles, persévèrent à trouver des solutions. Les phases d’espoir et de découragement se succèdent, mais ils y puisent des idées créatives pour mieux comprendre et aider leurs enfants.
Le mur comme image de ce qui isole Piwi Cœur dans son monde a été une source d’inspiration très riche pour nous. Vous qui œuvrez chaque jour à fissurer, contourner, traverser ce mur, que pouvez-vous nous en dire ? Comment vous le représentez-vous ?
Le mur comme un obstacle omniprésent : plusieurs répondants voient ce mur comme un isolement, parfois une « tour de château » qui entoure l’enfant, une barrière qui peut paraître infranchissable et décourageante. Toutefois, il peut se réduire avec le temps et le travail, ce qui en fait aussi un symbole d’espoir et d’opportunité, même si ses traces restent présentes, marquant profondément ceux qui y font face.
Le travail de déconstruction : le mur peut être « brisable » ou « contournable » avec des efforts constants, de la patience, de la motivation, des rencontres. Ce processus demande de l’engagement, mais il peut mener à une ouverture, un passage. Le mur est malléable si les bonnes approches sont trouvées.
L’isolement et le vécu de la différence : le mur peut symboliser la partie invisible du handicap, l’isolement et la sensation de différence (souvent la partie la plus douloureuse). Bien qu’invisible aux yeux des autres, il constitue une barrière profonde pour les personnes concernées, et le franchir demande une véritable prise de conscience et un effort.
L’espoir et l’ouverture d’esprit : l’ouverture d’esprit est vue comme un moteur essentiel pour traverser ce mur. Avoir la curiosité d’explorer ce qui se cache derrière, de comprendre l’autre et de chercher des solutions adaptées.
Le mur comme un rideau : pour certains, le mur est vu comme un rideau qu’on espère ouvrir progressivement. Cette représentation fait écho à l’idée d’un obstacle que l’on peut percer, ouvrir délicatement, permettant à la lumière de passer à travers.
Dans les épisodes 4 et 5, la famille de Piwi Cœur, par son impatience, le met dans des situations qui vont au final l’amener à franchir des étapes. Un peu « comme si » la famille permettait de cristalliser tout ce qui se travaille semaine après semaine dans le cabinet de l’orthophoniste. Dans quelle mesure cela correspond-il à votre ressenti, votre vécu ? Une image vous vient-elle pour illustrer le lien entre le cabinet et l’extérieur ?
La métaphore du pont-levis : la famille peut être vue comme un pont entre le cabinet et le monde extérieur. Ce pont symbolise le passage d’informations et d’apprentissages, et il est crucial que les professionnels aident la famille à « garder le pont baissé », c’est-à-dire à maintenir une continuité dans les échanges et les pratiques.
Le « deuxième mur » autour du cabinet : cette image suggère qu’il peut y avoir une deuxième frontière, celle de la famille, avant le monde extérieur. Il est essentiel que les parents ouvrent des passages, des chemins, comme des sentiers dans une forêt. Plus ces chemins sont utilisés, plus ils deviennent accessibles. Cela met en avant l’idée que l’élargissement des interactions entre le cabinet, la famille et l’extérieur est un processus graduel.
La balle qui roule : cette image évoque un processus dynamique, où ce qui est appris en séance est transmis à la famille, qui à son tour apporte ses retours, ses observations et ses attentes. Le feedback constant entre la famille et les professionnels permet de faire évoluer les objectifs et d’ajuster les pratiques.
Le lien de confiance et l’échange : la confiance mutuelle entre les professionnels et la famille est cruciale. Ce lien permet de ne pas se décourager et de progresser petit à petit. C’est un travail collectif, bien que parfois pas totalement synchronisé, qui demande de la patience et de l’engagement de part et d’autre.
Utilisation de supports de communication : des outils comme le cahier de vie sont proposés pour faire le lien entre le cabinet et la maison. Ces supports permettent aux parents et aux professionnels de suivre les progrès et de communiquer plus efficacement.
Le cabinet comme point de départ : le cabinet peut être vu comme un point de départ pour franchir les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. Il n’est pas une entité isolée, mais un lieu de transition qui prépare l’enfant à l’interaction avec le monde extérieur, en collaboration avec les parents.
Que vous inspirent les lutins (épisode 4) ? Comment travaillez-vous avec eux au quotidien ?
Les ressources de l’enfant : les lutins sont associés aux ressources de l’enfant, ses envies, ses passions, ses compétences. Ils sont spécifiques à chaque enfant et rendent chaque parcours unique. Le travail avec les lutins consiste à partir de ce qui est réel et concret chez l’enfant pour définir des objectifs individualisés et adaptés. Pour les atteindre ensuite, il s’agit de toujours trouver du positif et protéger les points d’appui existants, en cultivant ce qui fonctionne déjà.
Les lutins comme potentiel : les lutins sont comme des ressources magiques présentes en chacun de nous. Elles ne sont pas visibles au premier abord, mais elles sont essentielles pour progresser et surmonter les obstacles, franchir les murs.
Des leviers : les lutins peuvent être vus comme des leviers pour soulever les barrières qui bouchent le chemin.
Des lutins complexes : ils peuvent à la fois freiner le progrès ou, au contraire, offrir de belles surprises, selon les circonstances, les moments. Ils sont très complexes.
Piwi Cœur essaye de communiquer par tous les moyens à sa disposition (la bouche, les signes, les pictogrammes, y compris sur la tablette). Dans quelle mesure les situations auxquelles il se trouve confronté reflètent-elles les succès et les limites de la CAA ?
Limites des outils : les outils synthétiques sont perçus comme étant accessibles mais limités, tandis que les outils robustes et complets peuvent effrayer les utilisateurs en raison de leur complexité. Le travail avec la CAA nécessite une approche progressive et l’adaptation constante des outils aux besoins spécifiques de la personne.
Les défis liés à l’apprentissage et à l’investissement : l’apprentissage de la CAA prend du temps et demande un investissement, qui n’est pas toujours fait par les autres (famille, entourage, professionnels). De plus, certains supports de CAA peuvent être encombrants ou peu pratiques à avoir toujours sur soi.
Disponibilité et adaptabilité des outils : même si un outil de CAA (comme une tablette) est utilisé efficacement, sa disponibilité n’est pas toujours garantie. Par exemple, dans la rue, l’outil peut être absent ou inutilisable (comme une tablette sans batterie). Ainsi, la CAA dépend de la situation et de la préparation, des alternatives doivent être prêtes à être utilisées.
La communication est multifactorielle : la communication ne dépend pas seulement de l’outil, mais aussi de l’émetteur et du récepteur. Si les deux ne sont pas « sur la même longueur d’onde », des interférences peuvent perturber le message, ce qui souligne la nécessité d’une bonne compréhension mutuelle et d’une écoute attentive.
Sensibilisation, formation : la CAA n’est pas toujours bien comprise par les interlocuteurs, car elle n’est pas encore suffisamment connue ou pratiquée par tous. Cela limite l’efficacité de la communication et crée des barrières supplémentaires, comme le manque d’attention des « humains tout venant », qui peuvent être déstabilisés par la CAA elle-même. Les interlocuteurs peuvent se sentir mal à l’aise.
La CAA comme porte d’entrée : malgré ces défis, la CAA est vue comme une véritable « porte d’entrée » vers la communication. Elle permet de franchir le « mur » de l’isolement, ouvrant des possibilités d’expression et de compréhension.
Dans l’épisode 5, nous décrivons comment le succès de la communication avec Piwi Cœur dépend à 50% de son interlocuteur (et échappent donc au pouvoir de l’orthophoniste). Aujourd’hui, vous recevez une baguette magique qui vous permet de distribuer à toute la population une qualité, une seule, permettant à Piwi Cœur et ses amis d’être mieux compris. Laquelle choisissez-vous ?
Les plus cités : écoute et curiosité.
Puis patience, empathie, bienveillance, adaptabilité.
Un mot d’espoir pour les parents d’enfants qui avancent sur un chemin rempli d’obstacles à la communication ?
Valoriser chaque progrès : l’importance des petites victoires. Chaque moment de compréhension, même minime, est un cadeau précieux et une avancée. Les petits pas sont essentiels et doivent être célébrés, car ce sont eux qui construisent le chemin vers une meilleure communication. Il faut du temps, beaucoup de temps.
Essayer, se tromper et persévérer : accepter de faire des erreurs, essayer et réessayer. Ce processus d’expérimentation et d’apprentissage fait partie du chemin, et la persévérance est clé. L’échec est une étape normale et nécessaire dans le parcours.
Le soutien et l’entraide : ne pas rester seul. Parler de la situation, chercher de l’aide et s’entourer de personnes ressources peut rendre le chemin moins difficile. Le soutien collectif est essentiel pour franchir les obstacles, les personnes prêtes à aider existent.
Confiance dans les capacités de l’enfant : avoir confiance en l’enfant et en ses capacités à se faire comprendre à son rythme, selon ses besoins. Ce n’est pas la norme de communication qui doit être imposée, mais la reconnaissance des compétences de l’enfant, qu’il soit question de communication verbale ou non verbale.
L’évolution du regard sur la différence : bien que la société soit encore en retard sur la question de la communication et des différences, des changements commencent à se produire. De nouvelles approches émergent, ce qui offre de l’espoir pour l’avenir.
Vous aimeriez ajouter quelque chose ?
Bravo pour ce beau travail que je découvre avec beaucoup de plaisir !
« Les écrits restent et les paroles s’envolent. » Votre démarche d’écrits est admirable car elle restera gravée dans l’histoire de votre enfant et en aidera concrètement d’autres, et d’autres parents. Il permettra de décaler le regard de nombreux professionnels, je vous le souhaite très sincèrement.
Merci pour la beauté de vos histoires !
Merci !